Le Lys Noir (by Esisthym)

Citation :: Il était un temps, où la domination Romaine s'exerçait insidieusement dans le Monde Latin...

Venue de ce qui allait devenir l'Italie, les conquérants organisés et dotés d'une discipline de fer, ravageaient sur leurs chemins villages et patrie...

Pendant ce temps là....Dans un petit village Gaulois...

- Bonjour Seigneur Esisthym, comment allez vous ?

Le vieux Seigneur leva la tête, occupé à profiter de l'air frais d'un matin de décembre, revassant aux chaudes demeures Gauloises, qui avaient travaillé durement toute l'année pour qu'ils puissent manger à leur faim, et rechauffer leurs âtres...
Il savait que les périodes des fêtes n'étaient pas loin, et il remerciait secretement Esus, la Divinité Mère, d'avoir rempli les réserves de bois et de nourriture...
Les maisonnées étaient bien chaudes, les nouveaux nés à l'abri, les troupeaux bien gras...

- Très bien jeune apprenti, le froid n'attaque plus ma vieille peau corriace, et je m'appet à l'avance des festivités à venir...

Le jeune homme reparti avec ce sourire des jeunes gens innocents, ravigoré par les paroles rassurantes de son ainé...
Mais son attention et sa reverie fut interrompue par la présence non loin de lui de la jeune Anila....Anila...
Elle avait dix neuf printemps, et malgré sa trentaine aguérie, Esisthym ne pouvait s'empecher de trouver en cette jeune femme tous les charmes d'une épouse.... Une épouse, de par sa condition d'Officier, qu'il n'avait pu jusque là révé de garder à ses cotés, tant les disputes territoriales des Chefs de Guerre Gaulois avaient mobilisé l'entiéreté de son existence...

- Froide journée, belle Anila, n'est ce pas ?
- ....Quelque peu rechauffée par votre présence, digne Seigneur...

Il prit cette flaterie comme une souffrance...Elle lui plaisait terriblement, mais que pouvais t'elle faire d'un combattant usé, marqué par tant de combats passés et à venir, et qui de surcroit, était la fille d'un de ses supérieurs...

Elle était si belle, ses formes tellement exquises qu'il était convaincu que Cernunnos en aurait fait sa muse...

- Si le Soleil pouvait être si chaud que le bonheur de votre présence, nous serions aujourd'hui bien plus légèrement vétus...
répliqua t'il, soudainement éveillé à ce qu'il venait de dire...

Son visage s'enlumina d'un profond sourire, et lui tournant le dos de manière espiègle, elle reprit son chemin, en ondulant déliberement des hanches, ce qui acheva de marquer le coeur du vieux guerrier....

C'est lors de cette scène d'une délicatesse touchante, qu'un élément imprévu brisa la douceur de cet instant....

[La suite au prochain épisode...]

(PS: Merci de ne pas "polluer" ce sujet, étant donné qu'il est destiné à vous raconter simplement une histoire...Si vous voulez y reagir, merci de créer une autre sujet...)

Le vieux chef aperçu au loin un nuage de fumée bien caractéristique de ceux que pouvaient soulever le galop d'un ou plusieurs chevaux..Il se hissa sur ses jambes pour tenter de distinguer qui pouvait être à l'origine de cette arrivée.

Rapidement, il reconnu qu'il devait avoir affaire à un de ses alliés, étant donné que celui ci progressait en zig zag, pour pouvoir offrir le profil de son cheval et ses couleurs aux habitants du village approché.

Il s'agissait d'un membre du clan Melmak, a priori, vu la forme caractéristique de son casque à trois pointes.
Esisthym rajusta un peu son habit, pour accueillir dignement l'arrivée de son allié...

Il vit dans les derniers mètres qu'il s'agissait d'Abasabhin, fils d'Estherion, le chef du clan...Ils avaient combattu ensemble autrefois contre les tribus du Nord, et sa présence rejouissait son coeur.

- Hooo Abasabhin ! le hela t'il, te manquerait il un peu de blé pour finir la saison froide, vieux grigou ?!
Il cessa d'employer ce ton espiègle, car il vit que le visage d'Abasabhin n'était pas préparé à la plaisanterie...L'attitude de son ancien compagnon ne lui laissa rien présager de bon...

- Salutation Esisthym...Content de te voir en bonne santé. Helas, je ne viens pas pour quelque gerbes de grain, car j'aurais aimé les brasser avec toi et trinquer à la gloire de ton peuple...
Non je viens pour des nouvelles un peu plus... inquiétantes...
- Entre, mon frère, conte moi tes angoisses...

La demeure quoique modeste de l'officier Esisthym été baignée d'une douce chaleur, et le froid piquant de la campagne Gauloise n'avait de prise sur les corps des deux compères de combat.
Il raviva le feu, offrit un gateau de miel et une rasade de cervoise bien fraiche.
Doucement remis de ses deux jours de chevauchée, Abasabhin commença à expliquer à son allié la raison de sa visite.

- Tu te rappelles cher camarade que nous nous étions autrefois moqué des récits de progression des Latins dans le Sud ? Et bien je crois bien qu'aujourd'hui il faille devoir prendre tout ceci bien au serieux...
Il y a une lune, nous avons nous même reçu la visite d'un petit groupe rescapé d'un ignoble pillage qui avait eu lieu à huit jours de marche au Sud de notre village. Des Lemovices.
Et bien leurs agresseurs étaient des Romains...
Je ne pouvais me douter qu'ils étaient remonté si haut, et je me demande bien ce qu'ils prevoient de faire dans cette région.
Je suis inquiet Esisthym, trois lunes auparavant on m'avait parlé de leurs progression dans le Royaume Volque, nettement plus au Sud encore, et en très peu de temps les voila s'approchant de plus en plus en terre Celte...
- As tu une idée de leur puissance ?
- A ce que j'en ai entendu, inouïe...Il ne s'agirait pas d'un détachement ou d'un groupe echappé, mais d'une véritable armée, de plusieurs milliers d'hommes...Armures, glaives, bannières et commandants...Je pense que nous sommes face à une invasion...

Le silence emplit la pièce, le crépitement de l'âtre remplaçant la voix puissante du guerrier Namnète...

- Il faut faire vite...Il nous faut je pense organiser une expédition punitive rapidement, pour les repousser vers le Sud, repris Esisthym...Combien de guerriers avez vous de valide ?
- De notre coté, entre notre camp et ceux avec qui nous avons de bonnes relation, je dirais dans les deux cent hommes...Ce qui me parrait bien insuffisant...
- Je ne pense pas pouvoir en mobiliser plus de mon coté non plus...cela s'avère bien délicat...
- Non Esisthym, je pense pour ma part que si nous contenons cette avancée en leur faisant barage grace à ces quatre cent guerriers, ils n'oseront plus progresser vers le Nord.
- C'est très risqué mon ami, tu ne connais pas leurs plans, et moi non plus. Si cela se trouve, ils sont beaucoup plus nombreux que nous le pensons...Je crois pour ma part que nous devrions en informer les peuples environnants, et chercher à obtenir leur soutient, même si cela ne risque pas d'être très simple...
- Ce qui me gène là dedans, Esisthym, c'est le fait que ces envahiseurs sont moins loin de ma patrie que de la tienne...je vais avoir du mal à empecher mes soldats de vouloir contenir la rage de mon peuple et de ces réfugiés...
- Je t'en conjure, attends encore un peu, il faut vraiment que nous soyons plus nombreux pour faire face à cela...En attendant, je vais te faire accompagner de deux de mes officiers, afin qu'ils puissent faire comprendre à tes alliés qu'Esisthym t'appuyeras dans ton combat. Mais attends mon soutient avant de faire quoi que ce soit.
- Je vais essayer Esisthym, merci de ton aide....Cela est bien triste, que nous soyons une fois encore obligé de prendre les armes...Je vais prévenir mes amis de ton message.

Il parti la tête plutôt basse, et Esisthym était inquiet de ce qu'allait faire Abasabhin. C'était un excellent combattant, mais sa fougue l'empechait souvent d'etre qualifié de fin stratège...

"Pourvu qu'il ne cède pas à la provocation", se dit Esisthym, regardant son camarade s'eloigner, en pensant déjà à la manière de s'y prendre pour contacter les villages voisins...

Citation :: Les semaines passaient, et Esisthym envoyait de chevronés éclaireurs à travers les contrées du Nord, à présent recouvertes d'un fin manteau de givre.

Mais chaque jour lui ramenait un fardeau de désespoir supplémentaire. Il rageait de plus en plus au retour des messagers, qui lui présentaient des réponses plus ou moins incongrues à ses yeux.

"Le Seigneur Molmak vous promet l'envoi d'une dizaine d'hommes en arme, en espérant que vous en ferez bon usage"
"Sa Seigneurie Artesis vous remercie pour votre proposition, mais désirerais en retour vous demander un tribu de quarante têtes de bétail"
Ou bien encore,
"Cette menace nous parrait irréaliste...De plus, l'implantation de notre village nous permet de croire que nous n'avons nous même rien à craindre. Bonne chance"

Aucun de ces Seigneurs ne semblaient prendre au sérieux l'arrivée de milliers d'hommes en armes, et qui franchissaient des dizaines de kilomètres en quelque lune...
Les dernières années avaient été assez fastes pour les peuples du Nord, et la grande majorité des Souverains de Guerre s'étaient progressivement transformé comme le disait la belle Anila en "pourçeaux séniles".
Il sourit à cette petite phrase comme seule Anila savait les concocter, mais cela ne parvenait pas à dissiper son inquiétude quant à la suite des messages qu'il imaginait devoir encore recevoir.

C'est à cet instant que tout bascula...

Une fois encore, alors qu'il attendait le retour de ses messagers, il aperçu au loin ce qu'il croyait être l'éclaireur envoyé en peuple Osisme. Mais ce n'était pas lui. C'était un des deux officiers qu'il avait confié à son camarade Abasabhin...Sa peau et son coeur frissona à l'approche de ce qui devait être une bien funeste nouvelle...
Le cavalier était blessé à l'épaule, et il se lisait une peur profonde au fond de ses yeux...

"Maitre...Pardonnez moi...Je...je...Tous...Tous morts...Attroce..."
Le Seigneur Esisthym senti ses jambes se dérobber sous lui...
"Parle ! Que s'est il passé !"
"Les Romains...Ils sont...si nombreux !!! Ils sont puissants, terriblement bien organisés...Ils sont tombé il y a deux semaines...Nos amis..."
"Bon entre tu es blessé," se rappela Esisthym

Il fit mander un forgeron, pour suturer les blessures de l'Officier à l'aide de fer chauffé à vif, et un Druide pour concocter un onguent désinfectant.

"Raconte moi en détail ce qu'il s'est passé, je te prie..."
"Ils sont arrivés presque par surprise. Ils avaient du commencer leur trajet avant même l'aube. A vue de nez, ils devaient être près de trois mille hommes !"
"TROIS MILLE !!! s'exclama Esisthym"
"Oui...Aux aurores, l'armée est passée à quelques kilomètres de notre position. Un éclaireur a du nous reperer... Seul un détachement a quitté le corps de l'armée, et s'est rapproché doucement de nos positions...Ils avaient d'immense boucliers bariolés, et formaient une sorte de carapace invulnérable à nos fleches et lances. Ils n'étaient pas plus de trois cent, et nous, près de deux cent. Les plus vigoureux guerriers d'Abasabhin se sont jetté à corps perdu sur les boucliers, et ceux qui avaient survecu aux archers Romains positionnés en hauteur de coline se firent empalés sur les lances Romaines des tortues de métal.
Le gros de nos forces ont donc chargé en ordre dispersé, et c'est à ce moment là que leur cavalerie nous a contourné et nous a pris à revers..."

On entendait plus un bruit dans la pièce....Il reprit le récit dans un style bien militaire, cherchant à ne pas laisser transparaitre son horreur et ses émotions...

"Ce fut un abominable massacre...Je crois n'avoir pas vu plus que deux ou trois dizaine de casques romains au sol...Toute l'armée d'Abasabhin à été massacrée, ainsi que...Maitre j'en suis désolé....Abasabhin lui même...
Mon camarade a été également tué, et quant à moi, j'ai reussi à me frayer un chemin pour vous prévenir ici... Le pire à été pour moi de laisser derrière moi ce glorieux peuple, alors que les cris des femmes violentées et égorgées résonnaient encore dans ma tête..."

Esisthym était totalement en effroi...Paralysé d'angoisse... Que faire ? Que dire ? Et c'est dégénérés de Gaulois qui ne voyaient pas arriver le danger !!!!
Une petite voix légère connue s'éleva alors sur le pas de la porte de la maisonnée d'Esisthym...
"Peut être que nous pourrions demander de l'aide ailleurs..."

C'était Anila.

"Je suis désolée de n'avoir pu m'empecher de faire preuve de discretion, mais je vous ai entendu... Il s'avère que j'ai une "tante" qui réside dans la vallée des Fées. Je sais, je vous en prie, laissez moi finir.
C'est en effet une sorcière, comme vous les appellez...Je l'ai toujours caché, car je sais ce que vous guerriers en pensez, mais je crois bien l'avoir entendu parler de ce qui nous arrive aujourd'hui, autrefois, quand j'étais petite. Elle ne cessait de me repeter que le Froid de l'Est nous apporterais réponse. Je pense qu'il serait peut etre utile de lui rendre visite..."

Esisthym n'aimait pas ces vieilles folles illuminées d'on ne sait quels breuvages diaboliques. Mais c'était Anila qui avait parlé. Et Esisthym ne savait résister au parfum de la douce Sagesse de cette femme qu'il désirait secretement.

"Nous n'avons rien à perdre, amenez moi à elle"

D'un de ces petits sourires qui faisait fondre Esisthym, elle fit signe de sa main de la suivre...

Quatre jours de chevauchée furent necessaire pour rejoindre la modeste demeure de la Tante d'Anila. Ils avaient traversé quelques obscures contrée, dont même Esisthym n'avait connaissance. Le temps s'était considérablement raffraichi, et la fin du périple se fit dans une épaisse couche de neige...
Le froid était sur le point de susciter les premières contestations quant à l'interêt de ce cortège, lorsqu'il parvinrent à l'orée d'une forêt qui parraissait bien dense...

"C'est au creux de cet amas dense d'arbres noirs que se trouve ma tante, Esisthym, nous y sommes presque..."

Esisthym grogna un peu, car le soir tombait doucement et la progression s'averait lente et dangereuse dans ces conditions. Mais rester ainsi à découvert risquait de les faire reperer d'éventuelles patrouilles romaines.

"Allons y", dit il en maugréant.

Des soupirs d'harassement se firent entendre dans le convoi, et même les cheveaux semblaient rechigner à entrer dans cet enfer boisé.

La nuit était tombée depuis une paire d'heures, quand ils décidèrent d'établir un campement dans une clairière assez large pour rassembler les suivants autour d'un feu modeste. Les vivres étaient au plus bas, et la pénombre profonde d'une nuit à la lune gibeuse n'attendait qu'a être dissipée par un peu de chaleur.

Et c'est autour de modeste foyer, qu'à peine reposés de leur long trajet qu'un nouvel élément vint troubler l'attente d'un sommeil salvateur...

Des loups...deux meutes distinctes au moins...Elles étaient toutes deux assez proches, à en croire par l'intensité des cris, et le fait que deux de ces groupements infernaux se trouvaient à proximité, ne laissait présager rien de bon...
La faim devait les tarauder pour qu'ils décident d'approcher le campement ensemble, ces animaux étant d'ordinaire guère partageurs...
Les soldats se relevèrent d'un bond, saisissant haches et épées, prêts à défendre les jeunes ecuyers et le peu de vivres qu'ils leur restait...

Esisthym s'exprima.

"Un loup affamé n'a point de peurs, si ce n'est que la lueur d'un feu...Prenons le risque de faire gronder le bucher, à cette heure ci les patrouilles romaines doivent se trouver dans la même situation que nous."

A chacun de ramener brindilles, buches et bois, de les jeter avec hate dans l'âtre, esperant que l'intensité du brasier finirait par dissuader une attaque groupée. Car ces animaux avaient la particularité d'encercler rapidement un campement, et si quelques patriarches de leur race se trouvaient en compagnie de jeunes femelles affamées, il y avait de forte chance qu'il recoivent bientot la visite de ces dangereux maitres des forêts....

Anila semblait étrangement confiante, comme si elle savait quelque chose qu'elle n'osait encore transmettre aux hommes du campement.

Et soudain, à travers les épaisses frondaisons, ils aperçurent une sorte de lueur diaphane, une vague silhouette humanoïde lumineuse transperçant les branchages entreméles.

La panique ne fit que croitre, car l'on pensait que des Romains en maraude avaient percé le campement...

Mais il n'en était rien, et c'est que nos amis n'allaient pas tarder à comprendre....